Leader du championnat de France à cinq journées du terme, tout pourrait aller si bien sur les bords de la Méditerranée. Seize longues années sans que le moindre trophée ne vienne garnir une armoire poussiéreuse. Seize longues années de gestion calamiteuse d’un seul homme, le propriétaire en tong, Robert Louis Dreyfus. Arrivé dans la cité phocéenne en 1996 avec un statut de sauveur, l’amour de l’OM pour RLD n’a pas vraiment duré. Et réciproquement, y a-t-il déjà eu de l’amour, ou plutôt un mariage de raison ?
Son arrivée au club
1996, le maire de Marseille, Jean Claude Gaudin, soucieux de relancer un club qui a remporté trois ans plus tôt la Ligue des Champions, fait appel à Robert Louis Dreyfus, richissime homme d’affaire fraîchement naturalisé Suisse et propriétaire de l’équipementier Adidas. La saison suivante, il façonne à coup de millions une équipe bâtie autour d’un gros poisson, Laurent Blanc, avec Rolland Courbis à la barre. Une seconde place et une finale de Coupe de l’UEFA, en 1999, plus tard, voilà l’OM replongé dans une période noire, comme RLD semblent les apprécier… Deux années proches de la relégation, une troisième indigne du statut phocéen, le grand club d’antan ne survit que par coups d’éclat.
Bouchet – Diouf : le club se stabilise
Au cours d’un éclair de lucidité, Dreyfus fait appel en 2002 à Christophe Bouchet, journaliste au nouvel observateur. Sous son mandat, l’OM a connu un début de stabilité. Grâce à lui, les droits télés sont revalorisés selon une logique plus avantageuse pour le club. La Commanderie ressemble plus à un terrain d’entraînement et l’Olympique de Marseille finit la saison 2003 pour la première fois depuis longtemps, avec des comptes bénéficiaires. Des tiraillements à la tête du club et le départ de Didier Drogba ont cependant raison de lui. il laisse alors sa place à Pape Diouf, le manager général de l’époque. Après des débuts difficiles, le Sénégalais redresse un peu plus le club. Finale de la Coupe de France en 2006, finale de la Coupe de France en 2007 et seconde place au championnat. Il fait venir Eric Gerets en 2007, après un début de saison raté. Celui-ci emmène le club à la troisième place, ce qui permet à l’OM de faire une seconde Ligue des Champions d’affilée, une première depuis 1993. Mais le Suisse au cigare, qui n’investit plus dans le club depuis de nombreuses années, n’est toujours pas satisfait.
L’intervention de RLD en janvier
Sa prise de parole lors de l’hiver dernier n’en fini plus de faire parler d’elle. L’OM, alors quatrième, venait de prendre trois points à Auxerre, revenant ainsi à quatre points du leader lyonnais. Bref, rien de bien catastrophique comparé à ce que l’on était habitué à endurer depuis son arrivée au club, notamment quand l’homme d’affaire suisse était en première ligne. En choisissant de parler à la presse plutôt que lors d’un entretien privé, RLD s’est dès lors attiré le courroux d’Eric Gerets et de Pape Diouf. On retiendra que l’actionnaire principal phocéen souhaitait que la masse salariale diminue, tout en recommandant aux dirigeants de recruter des pointures du style d’Alex de Chelsea, et que son club obtienne la qualification pour la Ligue des Champions, sans quoi il prendrait les mesures nécessaires, sur et en dehors du terrain. Des propos dénoués de bon sens dont le dessein n’est pas encore identifié.
Le ras le bol de Diouf et Gerets
Las de ces réactions puériles et ridicules à ce moment de la saison, Eric Gerets a donc décidé de jeter l’éponge. Rarement un entraîneur si proche de prendre le titre de champion de France a quitté un club où il se sent si bien. Mais le mal est fait et bien profond. Pape Diouf, loué pour sa patience et son tempérament, pourrait suivre. Comment ruiner un club qui semble retrouver peu à peu une certaine grandeur. Treize saisons à la tête du club le plus populaire de France et aucun titre. RLD devrait logiquement avoir son nom dans le Guinness Book des records, non plus dans les statuts de l’OM. Alors que pour la première fois depuis si longtemps, le club est en passe d’enfin écrire une ligne sur son palmarès, Dreyfus savonne de nouveau la planche. Comment peut-il encore faire croire qu’il aime le club alors qu’à chacune de ses rares interventions, le navire phocéen tangue méchamment ? En perdant le capitaine du navire ainsi que la vigie, le paquebot OM se retrouve une nouvelle fois en situation précaire. Quel pirate va-t-on retrouver à bord ?