Le RC Lens a connu de nombreux joueurs qui ont marqué l’histoire du club. Parmi eux, l’un des plus attachants reste sans aucun doute Roger Boli, dont les buts et la joie de jouer ont fait vibrer les amoureux du ballon rond. Nous avons donc posé quelques questions au grand frère de notre Basilou, afin de parler de l’affiche de dimanche soir opposant le RC Lens à l’Olympique de Marseille.
Bonjour Roger. Cela fait maintenant 8 ans que vous avez mis fin à votre carrière. Que devenez vous ?
J’ai passé ma licence un an après ma retraite sportive. Je suis maintenant agent de joueurs et tout se passe très bien.
Vous avez passé 7 ans au RC Lens. Quels sont vos meilleurs souvenirs sous le maillot sang et or ?
J’ai de très nombreux souvenirs car j’ai passé de nombreuses années là bas. Parmi les meilleurs, il y a la remontée en 1991. Je suis arrivé en deuxième division et le retour parmi l’élite a été un grand moment. Sur un plan plus personnel, il y a le titre de meilleur buteur en 1994.
Pas de regrets de n’avoir pu retrouver Basile après vos années auxerroises ?
Non, vous savez nous avons débuté notre carrière ensembles à Auxerre. Au début nous avons eu beaucoup de plaisir à évoluer ensemble, de découvrir les grands matchs et la coupe d’Europe. Mais ensuite je jouais moins, je suis parti à Lille, puis à Lens. Basile a lui connu une autre trajectoire à Marseille. Bien sûr j’aurais aimé jouer avec lui à l’OM ou en équipe de France, mais les événements ont fait que ça n’a pas été possible. Néanmoins il n’y a absolument aucun regret. Le football est fait comme ça, et le plus important c’est qu’avec Basile, nous avons fait une belle carrière.
Où étiez vous lors de la finale de 93 quand Basile marque contre Milan ?
J’étais chez moi, avec de la famille et des amis. Je n’étais pas à Munich, mais j’ai vécu ce match avec Basile et Abédi Pelé, car j’étais en contact permanent avec eux avant et après le match. Dans la nuit, lorsque nous sommes sortis fêter ça dans la rue, certains supporters m’ont dit » Merci les Boli » ! Ca a été une grande émotion et une grande fierté.
Pour l’avenir, envisagez vous de vous investir dans un club, ou une fédération, à l’image de Pape Diouf à Marseille ?
Si je dois m’investir dans un club, ça sera forcément à Lens ou à Auxerre, car j’ai des relations privilégiées avec eux. Mais il faut que cela soit une envie partagée, il est donc difficile de dire aujourd’hui si je ferais comme Pape Diouf. Si un jour cela doit se faire, ce sera avec un poste important, avec des responsabilités.
Parlons à présent du match de dimanche. Vous allez souvent à Bollaert ? Vous y serez pour le match contre l’OM ?
Oui, et avec le plus grand plaisir ! Quand je ne suis pas en déplacement professionnel, j’aime emmener mes enfants au stade, passer un moment de détente exceptionnel en famille. Bollaert est un endroit que j’adore, et la venue de l’OM est toujours un match particulier. J’irai donc, dimanche, voir de grands joueurs sur le terrain et prendre du plaisir à les regarder évoluer.
Vous les trouvez comment les lensois depuis le début de saison ?
Ils ont fait jusqu’à présent un parcours en dents de scie, maintenant il semble qu’ils soient mieux dans le championnat. J’espère que ça va continuer. Si tout le monde est à son niveau, et bien physiquement, Lens est capable de faire une très belle saison. Entre la deuxième et la cinquième place selon moi.
Et en ce qui concerne l’OM ?
L’OM est une belle équipe. Ils ont fait fort en ce début de championnat ! Il y a eu une baisse de régime, mais c’est à cause de la petite période difficile que traverse Franck Ribéry. Physiquement, il a l’air de souffrir, mais c’était prévisible après sa superbe coupe du monde et son début de saison fracassant. Un coup de pompe ça arrive à tout le monde, mais avec lui l’OM reste dangereux en permanence, car les autres peuvent compenser en élevant leur niveau de jeu. Donc méfiance, car Ribéry peut frapper à tout moment. Il vaut mieux pour les lensois que ça ne soit pas demain !
Pensez vous les marseillais capables d’être champions dès cette année ?
Non, je ne pense pas. Lyon est au dessus du lot et a encore une marge de manoeuvre importante. Le football est fait de surprises, mais terminer deuxième serait déjà une grande performance.
Vous avez été meilleur buteur de Division 1. Vous pouvez nous donner votre avis sur les attaquants marseillais ?
J’apprécie énormément Mamadou Niang ! Un bon attaquant, qui joue en percussion. Il sait perturber les défenses, il sait marquer des buts. Il faudrait qu’il puisse devenir encore plus buteur, mais avec les efforts qu’il effectue sur le front de l’attaque, c’est normal que parfois il n’ait pas le bon geste devant le but.
Pagis est un superbe joueur, il est trop important ! Il permet à son équipe de garder le ballon, il sait temporiser, c’est un passeur, un buteur, un joueur intelligent tout simplement. Avec 3 ou 4 ans de moins, il serait aujourd’hui international.
Toifilou a fait une très belle saison l’année dernière en marquant but sur but. En ce moment il paye un peu ses efforts, mais j’espère qu’il retrouvera la même réussite. Il est important dans les matchs décisifs.
Selon vous, Djibril Cissé va-t-il revenir au top après sa blessure ?
Je ne me fais pas de soucis pour Djibril. C’est un garçon qui est mentalement très fort, et qui est très orgueilleux. Il ne voudra pas arriver à Marseille et que ça se passe mal, il va donner son maximum. Il apportera forcément quelque chose à cette équipe, il faudra juste que les supporters soient patients avec lui. Mais Djibril va marquer beaucoup de buts et donner une dimension supplémentaire à l’OM, j’en suis persuadé.
Les supporters lensois et marseillais sont connus pour être parmi les meilleurs en France. Quels sont, pour toi, les points communs et les différences entre les ambiances de Bollaert et du Vélodrome ?
Le principal point commun, c’est que ces supporters sont des acharnés ! Ils sont à fond derrière leur équipe, ce qui donne des ambiances exceptionnelles. Après, les supporters marseillais sont quand même plus exigeants que les lensois. C’est dommage, car parfois ils ont du mal à contrôler cette ferveur. Quand on veut rester un grand public, comme celui de Marseille, il faut parfois un peu d’indulgence et accepter que, lors de certains matchs, l’équipe ne soit pas bien. C’est justement là qu’ils doivent se montrer plus présents.
Avez-vous une petite anecdote sur un match Lens – OM ?
La saison de la remontée, le match à Bollaert avait battu le record des spectateurs pour un match de première division. Au bout de six minutes de jeu, j’ouvre le score. Le public était en transe ! Je pensais que le stade allait tomber ! Quelques minutes plus tard, c’est Basile qui égalise ! On a finit par gagner 2-1 et c’est Francis Gillot qui avait marqué le second but. Le fait de marquer et que Basile égalise reste un grand moment pour moi et pour le public lensois.
Pour finir, un petit pronostic pour demain ?
Que le meilleur gagne ! Bon, en étant lensois, j’espère quand même que ça sera Lens. Mais souhaitons un beau match de football, avec deux belles équipes. Un score de 4 buts à 3, avec un match de fous, ça serait superbe !
Merci pour tout Roger, bon match dimanche. Et passez le bonjour à Basile de notre part !
Merci à vous. Je passerai le mot à Basile la prochaine fois que je l’aurai au téléphone. Bon match à tous !