Comme tous les jours, j’ouvre la page sport de la Provence en premier, pas vraiment intéressé par l’actualité internationale, les programmes télés ou l’exposition de santons à Bouc-Bel-Air. Et donc me voici en train de lire l’article sur la démission de José Anigo, provoquée par les mauvais résultats et l’apathie grotesque de son équipe depuis plusieurs matches, malgré de grandes phrases telles que » soit vous gagnez, soit je pars » lâchées désespérément aux joueurs apparemment aussi concernés par le problème que par le choix de la couleur de leur slip.
Bref, José se retire, constatant son échec total tant sur le plan taquetique que sur le plan tequenique, pour citer un autre entraîneur (un grand celui-ci). Jusque là rien de surprenant pour le supporter de l’OM de base, pas surprenant au vu des évidentes limites trahies par le marseillais, pas surprenant non plus car il avait tenu presque un an, tarif honorable dans la cité phocéenne. On va chercher son remplaçant ensemble, on va bien réfléchir, on va en prendre un bon c’est sur ne vous inquiétez pas… Bien que passionné par ce discours révolutionnaire, mon regard s’attarde alors sur l’autre article : celui sur les réactions des clubs de supporters.
Ou l’on apprend que c’est dégueulasse, que José s’est fait virer pour que les dirigeants couvrent leurs arrières, bref que le marseillais a trinqué pendant que les dirigeants venus » d’ailleurs » continuent à déboucher les bouteilles comme un soir de réveillon. Je citerai juste la meilleure : » C’est toujours pareil, quand ça ne va pas, on coupe la tête de l’entraîneur « . Yankees, Ultras et Cie sont unanimes : Anigo est le pauvre bouc-emissaire marseillais.
On rappellera quand même que cette saison José aura surtout apporté à l’OM un schéma de jeu inédit, le 6-0-4, où comment laisser l’adversaire jouer. Il aura aussi permis de montrer à la France à quel point Steve Marlet peut être mauvais, à coup de titularisations (une pour la fin, c’était peut être ça la cerise sur le gâteau d’Anigo). Un détail semble donc échapper à ces messieurs ces clubs, c’est que José Anigo n’a pas été viré mais a démissionné. Mais c’est quand même la faute à Bouchet…
Tel des dirigeants de partis politiques, les têtes « pensantes » des clubs de supporters semblent peu à peu se déconnecter de la réalité pour seulement incarner une minorité bornée, aveuglée par leur haine contre le président. En tant que marseillais, supporter, j’aime à penser que la majorité silencieuse ne verse pas dans cet extrémisme forcené. Et je n’arrive pas à comprendre comment un technicien comme Anigo, qui a montré d’incroyables carences à son poste, n’ait jamais pu être critiqué tout ça parce qu’il est « d’ici « . Il serait temps d’arrêter la mascarade et d’ouvrir un peu les yeux. Si tant de bons joueurs se plantent à l’OM, c’est peut-être aussi parce que l’attitude des supporters n’est pas toujours exemplaire ces dernières années, des banderoles d’insultes indignes au caillassage de bagnoles.
Bien sur, loin de moi l’idée de mettre tout sur le dos d’Anigo, les dirigeants ont encore du travail à effectuer, mais je crois que dans le foot actuel il est encore plus dur de bâtir une équipe en France que de l’entraîner. La passion à Marseille, on l’aura toujours. La connerie, on peut quand même essayer de s’en passer.