C’est l’histoire d’une ascension fulgurante. Un gamin marseillais propulsé en l’espace de quelques mois du centre de formation de l’OM à une convocation en Equipe de France. L’histoire aurait pu paraître anodine, mais voilà, rien dans ce parcours exceptionnel n’est marqué de l’empreinte de la banalité. Samir Nasri n’est pas banal, il est aujourd’hui l’avenir de l’OM, l’espoir de tout Marseille et dans les starting-blocks pour écrire un bout de chemin dans la longue épopée des Bleus. Tout n’a pas été rose mais le gamin le sait, il le reconnaît d’ailleurs en cet après-midi de consécration, seul le travail paie. Il n’a pas la prétention d’être comparé à Zidane, cette idole, ce modèle. Pour lui, Zizou est unique. Il veut simplement continuer à travailler pour écrire l’histoire d’une carrière, de sa carrière.
L’histoire débute le 26 juin 1987. Samir Nasri voit le jour à Marseille. Pour tout Marseillais fan de foot, le rêve est d’un jour porter le maillot de sa ville, Marseille, l’OM. La naissance de Samir au football se passe en douceur. Au début des années 90, du haut de ses cinq ans, il découvre les joies du ballon rond à La Gavotte Peyret avec les gamins de son âge. Très vite sollicité par son entourage pour aller jouer en club, ses parents décident finalement de l’inscrire au club des Pennes-Mirabeau. Il y jouera deux ans avant d’être remarqué par des recruteurs de l’OM, Fred Assolen et Roger Giovanni. Après avoir pris acte de l’accord des parents, les deux hommes ramènent donc Samir à l’OM. Le début d’une grande histoire.
Il évolue dans les catégories de jeunes, saison après saison, et son talent impressionne tous les observateurs : benjamins, -13 ans Ligue, -15 ans Ligue, -16 ans Nationaux et -18 ans Nationaux. Doucement, mais sûrement, il commence à se faire une réputation sur les pelouses de l’Hexagone. On détecte déjà une technique très poussée et une vision du jeu très développée. Après ce parcours de formation, marqué par de nombreux trophées, il atterrit fort logiquement dans les équipes de France de jeunes. Il remporte d’ailleurs le titre de Champion d’Europe avec les -17 ans, raflant au passage le titre de MVP de la compétition.
Ce parcours exemplaire tape dans l’oeil du staff marseillais. Pas de la CFA, non, avec qui il évolue fréquemment. L’équipe première. Nous sommes à l’été 2004. Samir s’entraîne désormais avec le groupe professionnel. Il rêve secrètement de jouer aux côtés des Lizarazu, Barthez, Pédretti… Voilà encore quelques mois, il assistait aux exploits de Didier Drogba, au Vélodrome, en Champion’s League. Non pas dans le groupe mais dans les tribunes, en jeune supporter. Il avait ensuite suivi l’épopée européenne qui avait conduit l’OM jusqu’à une sombre soirée suédoise en mai. Mais à l’été 2004, lorsqu’il est convié par José Anigo, son mentor, celui qui a toujours cru en lui à l’OM, à s’entraîner avec les » pros « , Samir ne laisse pas passer sa chance. Il ne le sait pas encore mais sa carrière est lancée. Il signe un premier contrat professionnel en août. Les étapes s’enchaînent, le travail paie enfin. Un soir de septembre 2004, Samir Nasri débute enfin en L1 à Sochaux. Avec le maillot de ses rêves. L’OM s’incline mais peu importe, Marseille vient de découvrir le nouvel étendard de la formation à la marseillaise. Un gamin qui n’a peur de rien, qui ne se pose pas trois milles questions sur un terrain et qui du haut de ses 17 ans va très vite prendre une place prépondérante dans le groupe.
Nous sommes deux ans et demi plus tard. Le temps a passé. Samir n’est plus du tout le débutant qui avait enflammé les supporters par quelques accélérations fulgurantes à Sochaux. Il évolue pour la troisième saison consécutive en L1. Du haut de ses 80 matchs sur les terrains français, il a pris une nouvelle envergure. Il a même goûté aux joutes européennes avec 20 rencontres au compteur. En cette centaine de matchs, Samir Nasri a prouvé qu’il avait la force de caractère pour réussir ici. Là où de nombreuses stars ont échoué, là où si peu de jeunes Marseillais ont percé. Il possède désormais une technique sûre, il est capable d’éliminer des adversaires, il a une vision du jeu hors du commun. Et surtout il donne du plaisir aux autres. À ses partenaires qui se délectent de ses passes, à sa famille et aux Marseillais. Et très bientôt aux Français. Car après presque quinze ans d’efforts, Samir a atteint son deuxième objectif. Le premier était de jouer pour l’OM, le second de porter le maillot de l’équipe de France. En ce 15 mars, l’émotion et la fierté sont palpables : » Il y a énormément de fierté, je suis très heureux de ce qui m’arrive, c’est une joie immense. Je suis avec les grands mais ce n’est pas une fin en soi, il faut continuer à travailler. Désormais, le plus dur vient de commencer « .
À travers ces quelques paroles, on retrouve le Nasri si attachant. Un joueur de foot humble, avec la tête sur les épaules, qui réussit à travers le travail, valeur fondamentale chez lui, et qui donne du plaisir à chaque Marseillais chaque week-end depuis trente mois. Un grand, tout simplement.