Auteur d’une saison en demi-teinte avec Marseille et l’Equipe de France, Samir Nasri n’en reste pas moins convaincu du bien fondé d’un départ pour l’étranger. Entre l’influence de son entourage et l’incompréhension chronique qui a terni ses relations avec les supporters de l’OM lors de cette dernière année, essayons d’y voir plus clair sur le sentiment de gâchis que procure son histoire.
Un minot surdoué
Formé au club et attendu comme le messie depuis plusieurs années, Samir Nasri intègre le groupe professionnel olympien en 2004. Sa technique, sa maturité et sa bonne vision du jeu en font rapidement le chouchou d’un Stade Vélodrome qui peine à oublier Didier Drogba et voit en lui son futur crack. Enchainant les matchs et emmagasinant l’expérience, le joueur connaît ainsi cinq entraîneurs successifs : José Anigo, Philippe Troussier, Jean Fernandez, Albert Emon et Eric Gerets. Couvé par chacun d’eux, il progresse au point de devenir, selon les médias, le successeur de Zinedine Zidane. Il dispute son premier match en Equipe de France le 28 mars 2007 contre l’Autriche à l’occasion duquel il adresse une passe décisive à son ami lyonnais Karim Benzema.
Les années Ribéry
Scarface débarque à l’OM lors de l’été 2005 et devient vite le joueur clé de l’équipe olympienne. Adulé dans un premier temps par les supporters, il se lie rapidement d’amitié avec le jeune marseillais. Sur et en dehors du terrain, les deux milieux deviennent complices et s’entendent à merveille. L’annonce des intentions de départ de Franck Ribéry pour « un plus grand club » provoque l’hostilité des supporters à son égard lors du mercato estival 2006. Devenu une star internationale, ce dernier quitte le club lors de l’intersaison 2007 et Samir Nasri, qui vient de réaliser sa plus belle saison sous le maillot marseillais, peine à s’en remettre. Malgré la jurisprudence, les erreurs de communication du premier seront reproduites par le second.
Les erreurs de communication
Lors des premières saisons effectuées avec l’équipe professionnelle, Samir Nasri n’en finit pas d’exprimer son amour à son club et à sa ville. S’il n’a jamais caché ses ambitions d’évoluer un jour à l’étranger, les supporters ne peuvent pas imaginer qu’il les quitte avant d’être devenu un joueur accompli et incontournable. Lors de l’été 2007, Samir Nasri, dont l’agent n’est autre que Jean-Pierre Bernès, refuse la proposition de prolongation émanant des dirigeants phocéens. Souvent blessé, le joueur peine à retrouver son niveau et fait preuve de maladresse en déclarant tour à tour rêver de la Liga et de la Série A. L’OM ayant par ailleurs des difficultés à revenir dans le haut de tableau du classement de Ligue 1, les supporters gardent ses paroles en travers de la gorge.
La gronde du Vélodrome
En cette saison 2007-2008, Samir Nasri réalise, à l’image de son équipe, des performances irrégulières. Le joueur ne semble plus avoir la tête à Marseille et on lui reproche fréquemment de ne pas suffisamment mouiller le maillot. Sa nonchalance et ses velléités de départs font peu à peu perdre patience aux supporters qui le sifflent après la défaite subie à domicile contre Lille. Dans la foulée, le joueur prolonge son bail avec l’OM jusqu’en 2012 en ne manquant pas de faire ajouter une clause à son contrat lui permettant de partir immédiatement pour une somme dérisoire… Ce dernier estime avoir fait un geste alors qu’il pouvait quitter librement Marseille selon la nouvelle législation. Son départ pour l’étranger, désormais quasi-sûr, est pris par certains comme une trahison tandis qu’il n’a jamais rien gagné avec son club.
Une décision irréfléchie ?
Sortant d’un Euro où il a pu prendre conscience du travail qu’il lui reste à faire pour devenir un crack, Samir Nasri semble néanmoins déterminé à partir. Les exemples de jeunes ayant réussi après avoir quitté le championnat de France si jeune sont extrêmement rares. Le dernier échec en date n’est autre que celui de Yohann Gourcuff, que le manque de temps de jeu au Milan AC a finit par décourager. Par ailleurs, son jeu ne semble pas du tout adapté au championnat qu’il s’apprête à rejoindre (la Premier League). Réputé fragile, on l’imagine en effet très mal venir se frotter au « fighting spirit » britannique. Zinedine Zidane et Franck Ribéry, qui ont conscience des dangers qu’il encourt, lui ont notamment conseillé de s’aguerrir avant de quitter l’Hexagone. Curieusement, Karim Benzema, que l’on pensait moins mature, choisit pour sa part de poursuivre avec Lyon…
On a beau retourner la situation dans tous les sens, un tel manque de raisonnement ne s’explique pas. Quel requin a bien pu faire croire à Samir Nasri qu’il était fin prêt pour rejoindre un « grand club » ? Si le rêve de voir le minot grandir en même temps que l’OM est sur le point de se briser, c’est peut-être aussi le moment d’avouer que le joueur n’était pas si bien protégé qu’on a bien voulu le croire…