Benoît Pedretti ne sera pas resté longtemps éloigné de sa Franche-Comté natale et du club qui l’a vu éclore au plus haut niveau. Pourtant, au vu de ses récentes déclarations, il est peu probable que le nouveau pilier du milieu tricolore fasse des états d’âme. » Quand on manque d’ambition, on reste à… (sous-entendu Sochaux) » a-t-il crûment déclaré. Quand on sait ce que le néo-olympien doit à son ancien club, on se dit qu’un chouia de politiquement correct a parfois des vertus… Morale et foot pro font décidément mauvais ménage.
La morale, voilà qui nous ramène à l’affaire de ce début de saison, à savoir le transfert de Fabrice » Jacques Mayol » Fiorèse du PSG vers l’OM. Un transfert qui a déchaîné les passions et la presse, trop heureuse de pouvoir rallumer à moindre frais la rivalité OM-PSG. » Manipulation « , » machination « … Toutes les déclinaisons du thème de la trahison y sont passées, comme si tout ce beau monde venait subitement de découvrir la dure réalité du sport professionnel. Une levée de boucliers d’autant plus incompréhensible qu’au même moment les Zidane, Thuram et consorts décidaient unilatéralement, sans qu’aucun journaleux ne s’en offusque, de renoncer à l’Equipe de France, s’estimant trop justes pour affronter Israël et les îles Féroé, mais suffisamment en forme pour enchaîner 50 matches annuels de championnat et de Ligue des Champions avec le Real ou la Juve…
On en oublierait presque que le PSG a touché environ quatre millions d’euros dans l’affaire, soit grosso modo la valeur du joueur. Dans le registre arnaques et coups montés, on a quand même connu plus inique. Un investissement important, donc, qui on l’espère permettra à l’OM de combler ses graves lacunes offensives. Certes, Fiorèse n’est pas le milieu offensif de génie que beaucoup attendaient, mais il sort d’une excellente saison, et son aptitude à percuter sur le côté droit pourrait faire de lui une pièce majeure du 4-4-2 souhaité par José Anigo. Tout comme, on l’espère, Bruno Cheyrou, qui devrait être titularisé à gauche pour lui faire pendant.
Un nouveau dispositif tactique dont l’application a été retardée par la blessure du grand ami de Fiorese, Frédéric Déhu. Or, le système à cinq défenseurs n’ayant pas convaincu (loin s’en faut) face à Metz, Anigo va dès dimanche tester la défense à quatre. Problème : Beye et Méité, bons au marquage, n’ont pas le profil pour jouer dans ce registre, le sens du placement n’étant pas leur plus grande qualité. Le risque est donc grand de voir dimanche soir une défense fébrile, surtout si Barthez ne pouvait récupérer tous ses moyens (comme quoi sa blessure n’avait rien de diplomatique…).
Une partie risquée, donc, d’autant plus qu’en face, malgré les départs de Pedretti et Frau, Sochaux conserve de sérieux atouts. Oruma, en dépit des sollicitations olympiennes, est toujours là (du moins quand il le veut), tout comme les grands espoirs du club, Monsoreau, Zairi et Mathieu. Sans oublier Jérémy Menez (rien à voir avec Bernard), annoncé comme LA future star du football français… Une star de demain qui, malgré son âge, pourrait donner des leçons de morale (décidément…) aux vedettes d’aujourd’hui, ayant refusé les livres sterling des braconniers anglais pour s’épanouir tranquillement dans le club qui l’a formé.
Voilà en définitive une rencontre qui sera placée sous le signe de la réprobation morale, entre les sifflets qui ne manqueront pas d’accueillir Pedretti, et peut-être ceux destinés à Fabrice Fiorèse. Mais après tout, peu importe : trois points, et tout le monde sera content. Dans l’univers impitoyable du football professionnel, la meilleure morale n’est-elle pas celle du plus fort ?