Oui, jusque-là tout va mal. A l’évidence le début de saison est raté, l’OM a déçu les optimistes, et conforté les pessimistes dans leurs craintes. Deux points en cinq matches, le décompte est sévère, et c’est désormais avec jalousie que l’OM, de sa place de lanterne rouge, regarde le ventre mou où il était embourbé les dernières saisons. Triste constat…
Triste constat que n’ont pas égayé les récentes déclarations de Jean Fernandez, pour qui une huitième place à la fin de l’exercice serait un bon résultat. Manque d’ambition, ou stratégie guyrouxienne ? En tout cas, on ne pourra pas lui reprocher de nous avoir vendu du rêve…
Jusque-là tout va mal, mais pourquoi donc ? Premier accusé : l’intertoto, qui aurait amené l’OM à sacrifier son début de championnat. Ce n’est pas là le moindre des paradoxes, quand on sait que les dirigeants marseillais justifièrent leur choix en affirmant que ces rencontres estivales permettraient justement une meilleure préparation. Un peu à la manière de Lille l’an dernier, ou de Lens cette année… Bref, il faut chercher ailleurs les raisons de ce départ catastrophique.
Il paraît plus pertinent de se tourner vers le mercato, jugé à juste titre » lamentable « . Pas nécessairement en ce qui concerne la qualité des recrues – nous y reviendrons – mais plutôt au niveau de la stratégie globale (si tant est qu’il y en ait une…). Brader ses joueurs prometteurs, prêter ses cadres à des clubs rivaux, et surtout chambouler l’équipe-type à 80 % en dépit des leçons pourtant édifiantes des saisons passées : même à Marseille, on aura rarement été aussi loin dans l’absurde…
Credo quia absurdum, rétorqueront les optimistes ! Jusque-là tout va mal, certes, mais pour combien de temps ? Et si cette crise précoce n’était qu’un retard à l’allumage ?
Un retard à l’allumage sans doute dû à un mercato tardif et trop pléthorique, mais qui a peut-être doté l’OM des atouts susceptibles de dépasser ses problèmes actuels. Si seul Ribéry donne pour l’instant pleine satisfaction, Niang s’est plutôt montré à son avantage, de même que Wilson Oruma, capable des ratés les plus monumentaux comme de fulgurants coups de génie… Lamouchi monte en puissance, Gimenez s’annonce comme un véritable chasseur de buts, et Cana, s’il retrouve son niveau de jeu de l’an passé, pourrait bien apporter de la solidité au milieu. Et puis, à ceux qui déplorent les trop nombreux changements, on pourra rétorquer que le secteur le plus défaillant – la défense – est celui qui en a le moins connus…
Bref, à défaut d’être flamboyant, ce groupe a tout de même du potentiel. Un potentiel entraperçu en intertoto : certes, la Lazio et la Corogne ne sont plus ce qu’elles étaient, mais en les affrontant l’OM a su élever son niveau de jeu. Quelle que fut la valeur réelle de ces deux adversaires, l’OM nous aura procuré en quelques matches plus d’émotion que durant toute la saison dernière.
Enfin, dernier motif de satisfaction : Fernandez est encore là, ce qui n’aurait pas forcément été le cas les saisons précédentes. Mettons de côté la rumeur Tigana, et tâchons de positiver en imaginant – peut-être naïvement – que RLD se soit enfin lassé de sa danse préférée : la valse des entraîneurs…
Jusque-là tout va mal, mais chaque série a une fin, et la série actuelle – aucune victoire en L1 depuis le mois de mars – commence à lasser… Difficile cependant d’affirmer que son heure est venue, alors que l’OM s’apprête à défier Sochaux sur son terrain, là où l’OM n’a plus gagné depuis… quatorze ans. Belle occasion de faire d’une pierre deux coups, sans doute… ou de se faire lapider sur place en cas de défaite ? Sochaux n’a pourtant rien d’une terreur : ses meilleurs éléments perdus au mercato, son entraîneur réduit à commenter des matches plutôt qu’à les diriger, le club francomtois semble en bien mauvaise posture, pointant à la 15e place du classement, avec seulement cinq points au compteur. Dominique Bijotat semble déjà inquiéter les supporters doubistes, tandis que l’effectif n’offre pas toutes les garanties espérées, les seuls grands talents – Menez, Meghni – étant encore bien peu aguerris.
L’OM de son côté devra en priorité régler ses problèmes défensifs, avec sans doute des changements derrière… Notons simplement que l’absence des deux récupérateurs – Cana et Lamouchi – ne devrait pas leur faciliter la tâche. Autant dire – amère réalité – qu’une victoire serait une grande performance, et qu’un nul serait un résultat très acceptable. Jusque-là tout va mal, disaient-ils, mais ça pourrait être pire…