Très attaché au Sud et notamment à la cité phocéenne avec laquelle il conserve une relation particulière, Bernard Tapie a cette semaine racheté avec la famille Hersant deux quotidiens de la région sud-est : Nice Matin et La Provence. C’est bien sûr son rôle dans le journal marseillais qui nous intéresse, notamment au regard des tensions qui existent depuis quelques semaines entre la famille Tapie et la direction de l’OM. C’est aussi son passé de vainqueur de la Champions League et de 5 titres de champion de France qui lui donne une légitimité pour parler de l’actualité de son ancien club.
La Provence : le contre-pouvoir à Marseille
Propriété de Gaston Deferre alors que ce dernier régnait sur la cité phocéenne, La Provence est aujourd’hui le journal le plus lu et le plus apprécié des Marseillais. Traitant quotidiennement de l’actualité de l’Olympique de Marseille, il est donc tout naturel que le pouvoir de nuisance et d’influence de ce média soit important même si ses lecteurs (papier) sont moins nombreux que par le passé. L’arrivée du plus populaire président de l’OM depuis 30 ans à la tête de ce journal peut donc à terme créer des remous au sein de la classe politique phocéenne mais bien sûr aussi à l’OM. C’est d’ailleurs à ce titre que Rue89 estimait que les dirigeants phocéens devaient s’inquiéter de ce retour même si Tapie affirme toujours bec et ongle ne pas vouloir revenir à l’Olympique de Marseille.
Tapie tenté par un retour ?
A plusieurs reprises, Bernard Tapie a expliqué ne pas vouloir racheter l’Olympique de Marseille même s’il concède être « malheureux de voir (son) club qui n’est pas là où il a été« . Pourtant son arrivée à La Provence le met inévitablement dans l’échiquier du club olympien. L’homme d’affaires avait pourtant été proche de reprendre les rênes de Grenoble, de Nice ou d’un club parisien. « A l’OM, pour réussir, il faut que le président soit également l’actionnaire » expliquait Tapie en 2009. Ce n’est plus le cas pour l’OM depuis très longtemps et la direction actuelle ne parait pas fédérer les supporters autour d’elle comme on a pu l’entendre dans le Stade Vélodrome il y a quelques semaines.
Tapie aime taper sur les présidents de l’OM
Si en tant que propriétaire de La Provence, Bernard Tapie aura chaque semaine l’opportunité et une légitimité supplémentaire pour parler de son ancien club, l’ancien président ne s’est toutefois gêné jusque-là pour tailler ses successeurs qu’il considère comme des « présidents fantoches« . Et Vincent Labrune en fait partie. « Labrune a raison, l’OM est une institution. Mais il n’y est pour rien. Moi, je crois quand même y être pour quelque chose. Je suis légitime« . Il estime d’ailleurs que Labrune « n’a pas le profil » pour le poste. « Les présidents de l’OM, ils arrivent de nulle part, ils ne sont connus de personne, ils n’ont pas une thune et ils n’ont jamais rien fait d’admirable dans leur vie. Enfin, on rêve ! Labrune, c’est un type adorable. (…) Mais auprès des joueurs, quand Labrune parle… (Rires) » L’affaire entre Stéphane Tapie (le fils de Bernard) et Vincent Labrune après un sourire de ce dernier lors de la défaite cuisante face à Lyon n’est pas non plus susceptible d’apaiser les relations entre la famille Tapie et le clan Labrune. Et on sait que le nouveau propriétaire de La Provence conserve toujours l’appui de nombreux provençaux qui n’ont pas oublié ce qu’il avait fait pour l’OM (et oublié par là aussi la partie sombre de son histoire).
Toujours est-il que Tapie est clairement de retour dans les affaires de l’OM. Certes c’est indirectement qu’il l’est mais on peut penser que La Provence retrouve un peu le punch perdu ces derniers temps avec ce personnage haut en couleurs et au mental en titane.