Taye Taiwo : plus qu’un roc

Taye Taiwo débarque à l’OM durant le mercato hivernal 2004/2005. Un mercato qui verra d’ailleurs dans le même temps, Bixente Lizarazu quitter la Canebière après seulement cinq mois au club. Un champion du monde ultra titré est donc « remplacé » par un joueur de 19 ans, absolument inconnu en France. Suite au scepticisme compréhensible des supporters, […]

Taye Taiwo débarque à l’OM durant le mercato hivernal 2004/2005. Un mercato qui verra d’ailleurs dans le même temps, Bixente Lizarazu quitter la Canebière après seulement cinq mois au club. Un champion du monde ultra titré est donc « remplacé » par un joueur de 19 ans, absolument inconnu en France. Suite au scepticisme compréhensible des supporters, Pape Diouf rétorque simplement que Taiwo est « un pari sur l’avenir, un joueur qui va sûrement remplacer Babayaro en équipe nationale ». Une annonce qui, à l’époque, pouvait sembler dérisoire. Quatre ans après, bien de l’eau à coulé sous les ponts…

Des débuts mitigés
Les six premiers mois de l’espoir nigérian à l’OM sont un véritable apprentissage. Quatre matchs chez les pros durant le printemps 2005 et déjà 4 buts. Barré au poste de latéral par Olembé puis Nakata, Taye Taiwo découvre les affres du haut niveau. Philippe Troussier, alors coach de l’Olympique de Marseille, voit déjà en lui un potentiel digne des plus grands.
Le début de la saison 2005/2006 ouvrira de nouvelles perspectives à l’enfant de Lagos. Titularisé dès l’automne par Jean Fernandez, Taiwo marque lors du premier match officiel de l’OM en coupe intertoto face aux Young Boys de Berne. Le défenseur ne lâchera plus sa place de titulaire. Il dispute donc 30 matchs durant sa première saison pleine au club. Un total plus qu’honorable pour un joueur d’à peine vingt ans. Durant la saison suivante, le Super Eagle connaît une période de moins bien. Souvent pris à défaut dans son placement et quelque peu inattentif lors de ses montées chez l’adversaire, Taiwo sera remplacé épisodiquement par Alain Cantareil. Sans succès, évidemment… Or, en engageant le Nigérian 18 mois auparavant l’OM se doutait-t-il des réelles capacités de ce joueur ? Rien n’est moins sûr…

La montée en puissance
La saison 2007/2008 est celle de la confirmation pour Ismaïla Taiwo. Malgré un début d’exercice un peu laborieux à l’image de son équipe, l’international A nigérian (indiscutable en sélection) devient au fil des mois un élément incontournable de l’effectif alors entraîné par Albert Emon. Les progrès tactiques réalisés sont fantastiques. Taiwo n’est plus seulement un latéral offensif doté d’une frappe de mule, il est à présent un défenseur sachant se placer, centrer et couvrir ses équipiers lors des offensives adverses. Un joueur intelligent, incroyablement précieux pour l’Olympique de Marseille. Le coéquipier de Yobo en équipe nationale est transformé. Il est à présent sans conteste le meilleur latéral gauche de notre championnat.
Absent au début de l’année 2008 pour cause de CAN, il n’en reviendra que plus fort. Comme une évidence, son nom commence à apparaître sur les tabelles des clubs étrangers. L’OM doit le prolonger au plus vite. Et c’est chose faite le 18 avril 2008, ou ce gaillard d’1m83 se lie au club jusqu’en 2010.

Vers un départ inéluctable
Les latéraux de très haut-niveau, possédant des facultés offensives hors-normes et disposant d’une si forte marge de progression ne sont pas légion dans le football d’aujourd’hui. Dès lors, la possibilité de conserver l’homme aux 160 matchs avec l’OM semble bien hypothétique. Plusieurs clubs sont d’ores et déjà venus aux renseignements. Pourtant, aucun n’a l’envergure d’un grand d’Europe. Abidal, titulaire au FC Barcelone, avait été cédé pour un peu plus de 15 millions d’euros par Aulas. C’est le prix approximatif proposé par Manchester City cet hiver. Mais tandis que Manchester est assurément moins glamour que la Catalogne, Taiwo est intrinsèquement plus solide et au moins aussi doué que l’international français. Pape Diouf devrait donc spéculer sur une somme oscillant entre 15 et 20 millions d’euros.

La perspective de voir Taiwo porter une année supplémentaire la tunique bleue et blanche s’éloigne ainsi aussi vite qu’évolue sa montée en puissance. Finalement, et quelle que soit la décision future de l’international nigérian, nul ne pourra contester son impact au sein de l’effectif depuis maintenant plus de cinq ans. Au même titre qu’un Mozer, qu’un Angloma ou qu’un Di Meco, il laissera derrière lui le souvenir d’un joueur appliqué et talentueux. Un joueur ayant énormément progressé au sein même du club olympien. Le remplacer sera certainement extrêmement délicat, mais l’Olympique de Marseille se consolera en considérant que Taiwo a grandi dans ses rangs. Que ses supporters auront été les premiers à admirer sa frappe de balle herculéenne. Et qu’un jeune joueur inexpérimenté acheté 200 000 euros, est devenu un latéral gauche de renom à la valeur centuplée.