Vous rappelez-vous l’histoire du Petit Poucet ? Ce conte de Charles Perrault, publié pour la première fois en 1697, relate l’extraordinaire histoire d’un garçonnet, abandonné avec ses frères par leurs parents, un bûcheron et sa femme, dans la forêt pour se délester d’une charge trop lourde en cette période de famine et de misère. Bien malin, ce benjamin de la fratrie de sept enfants sème des cailloux pour retrouver son chemin le moment venu. L’historique de la coupe de France de football est jalonné d’épopées du Petit Poucet. Chaque année, une équipe sortie de nulle part tient la dragée haute à un, voire de nombreux, club(s) pour se hisser là où ne l’attend pas.
Ce dimanche, le Petit Poucet du match en vue se nomme Trélissac, une modeste formation amateur qui se délocalise pour l’occasion à Périgueux, en Dordogne, pour recevoir l’ogre estampillé Olympique de Marseille. La symbolique est forte. Comme à chaque fois. Mais si généralement le conte de Perrault prend de tendresse pour ce héros hors-du-commun, chaque supporter phocéen espère que le bucheron découvrira les cailloux – transformés en obstacles exceptionnellement – et les enlèvera sur son passage pour abandonner ce sympathique club à ce stade déjà avancé des 32es de finale.
Même si la hache du bûcheron – comprenez Marseille – a bien rouillé avant les fêtes, mal aiguisée par les apprentis coupeurs de bois que sont Brandao, Koné, ou Valbuena, elle aura passé l’hiver dans la chaleur espagnole pour retrouver tout son tranchant. Des lames de remplacement arrivent en stock (Jordan Ayew et Gnabouyou) et la tranchante vétérane (Morientes) aura peut-être été un peu huilée. De plus, une fine hachette venue du Brésil, qui a transité près de dix ans par l’Italie, étoffera le tout dans les prochains jours. Ce jeu de cache-cache avec le Petit Poucet s’annonce plus aisé pour Deschamps que pour Perrault. Il n’empêche, nos bûcherons devront se méfier que les cailloux n’aient pas changé d’emplacement. Histoire de ne pas se trouver la tête dans le tronc.