Dans le dernier numéro de So Foot, Morgan Amalfitano dégommait tout ce qui compte d’important (ou pas) à l’OM, y compris Mathieu Valbuena, rare Olympien à échapper à la critique. Pour la nouvelle starlette de West Bromwich Albion, le meneur de jeu marseillais devrait modifier sa façon de jouer. « Quand il joue plus simple, il est vachement plus fort » explique Amalfitano qui a évolué à ses côtés à Marseille durant 2 saisons. En petite forme depuis 2 mois, Mathieu Valbuena a-t-il besoin de renouveler sa panoplie de numéro 10 ? C’est bien possible.
Des dézonages qui déstabilisent son équipe
Replacé à l’aile gauche face au Napoli mercredi, Mathieu Valbuena a de nouveau cédé à la tentation de dézoner et s’est retrouvé plein axe à la 24ème minute. Bousculé par un joueur italien, le Marseillais s’est fait prendre le cuir et a laissé Callejon, Pandev et Higuain enchainer un deuxième but. S’en est suivi un énorme coup de gueule d’André Ayew qui a reproché à Mathieu Valbuena d’avoir encore dézoné. Il est vrai que c’est le péché mignon du meneur de l’OM qui parait si peu avoir confiance en ses coéquipiers qu’il décroche systématiquement de son poste pour aller chercher le cuir … dans les pieds de ses milieux ou de ses attaquants. A-t-il trop vu jouer Zidane ou le Platini pour vouloir les copier ? C’est bien possible. Or Valbuena n’est ni l’un, ni l’autre et ses dézonages conduisent à déséquilibrer son équipe en ouvrant des zones libres aux adversaires. Certes ses coéquipiers pourraient compenser les déplacements de l’international français mais il n’est pas possible de le faire constater surtout quand l’organisation est une des lacunes de son équipe.
La deuxième conséquence de ses dézonages est que l’attaquant de pointe est totalement esseulé et n’a aucun soutien à moins de 20 mètres. Difficile dans ses conditions de marquer des buts quand on n’est pas Didier Drogba.
Un jeu plus simple et plus fluide
Quel est le rôle d’un numéro 10 ? Hormis délivrer des passes décisives et marquer des buts, un meneur de jeu doit simplifier le jeu de son équipe, fluidifier la circulation du ballon et orienter le jeu là où il nécessaire de l’amener (voire même parfois pourrir le ballon quand c’est nécessaire). Or Mathieu Valbuena, lui, touche systématiquement le ballon 4-5-6 fois. Bien trop pour déstabiliser des défenses adverses qui ont le temps de se replacer. Valbuena n’est ni Messi, ni Maradona. Certes, dans les un contre un, l’ancien pensionnaire de Libourne Saint-Seurin arrive à tirer son épingle du jeu mais il bride tellement ses coéquipiers que ces derniers le lui rendent très mal en déplacement.
Autre point important, Valbuena doit jouer dans les espaces et cesser de réclamer systématiquement le cuir dans les pieds. Le football est un jeu de mouvement et Valbuena parait souvent l’oublier dès qu’il n’a plus le ballon (ou alors simplement pour le réclamer à nouveau). L’international français serait bien inspiré de regarder les matchs de Mesut Özil chez les Gunners ou quand il évoluait chez les jeunes en équipe d’Allemagne. On y voit bien qu’en jouant simple, on est diablement plus efficace.
Des stats qui disent de ne rien changer
Il convient cependant de nuancer ce qui pourrait s’avérer être des jugements hâtifs. Avec 30 passes décisives avec l’Olympique de Marseille ces deux dernières saisons sur les 143 buts de son équipe (plus d’1 but sur 5), Mathieu Valbuena est indéniablement le maître à jouer de l’OM. Ces statistiques ne comptent évidemment pas les buts sur lesquels il est à l’origine. Son influence est donc déterminante à Marseille d’autant que son volume de jeu est important. Toujours irréprochable dans l’engagement, Valbuena attaque, défend, tacle, récupère, joue les ballons de la tête à chaque retombée malgré sa taille, donne des solutions au porteur de balle, … Insatiable travailleur, Valbuena s’épuise peut-être aussi à vouloir tout faire tout seul et à vouloir être partout.
Pour les adversaires de l’OM, il demeure cependant le point fort (et à la fois faible) de son équipe. Le brider c’est faire tomber l’Olympique de Marseille comme l’expliquait Krychowiak il y a quelques jours. Pour l’excellent latéral du Napoli Christian Maggio, il est « le plus dangereux » de l’OM. « Il joue entre les lignes et il a de grosses qualités » expliquait il y a quelques jours l’international italien.
Victime d’un « un coup de pompe » (selon son aveu) depuis quelques semaines, Mathieu Valbuena a besoin de se renouveler sans pour autant quitter Marseille qui a besoin de lui. Et si les supporters espèrent le voir élargir sa gamme, ils n’oublient pas à chacune de ses sorties tout ce qu’ils lui doivent et tout ce que Valbuena doit aussi à l’OM.